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L’air que nous respirons est normalement constitué de 78,09% d’azote, 20,95% d’oxygène et d’approximativement 0,96% de gaz rare et de dioxyde de carbone.  L’azote est un gaz inerte, il n’a donc aucune fonction sur le corps humain. Lorsqu’un plongeur respire de l’air en profondeur, le gaz inerte (l’azote) se répand par dissolution dans divers tissus de l’organisme. L’azote continue de se répandre à différents rythmes selon les tissus, et ce, tant et aussi longtemps que la pression partielle de l’azote inspiré est supérieure à la pression partielle du gaz absorbé par les tissus. La quantité d’azote absorbée augmente avec la pression partielle de l’azote inspiré (en profondeur) et la durée de l’exposition (temps de plongée). Autrement dit, lorsqu’on expose pour la première fois à un gaz sous pression le sang et les tissus de l’organisme qui ne contiennent pas de gaz, des quantités de molécules de gaz entrent immédiatement en solution, étant poussées par la pression partielle du gaz, et les tissus qui agissent comme une éponge absorbent l’azote.  Un autre facteur qui affecte la dissolution de l’azote dans l’organisme est la température. En effet, plus la température est basse, plus la solubilité de l’azote est élevée. Si on élève la température d’une solution une certaine quantité des gaz dissous s’évapore.  
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L’air que nous respirons est normalement constitué de 78,09% d’azote, 20,95% d’oxygène et d’approximativement 0,96% de gaz rare et de dioxyde de carbone.  L’azote est un gaz inerte, il n’a donc aucune fonction sur le corps humain. Lorsqu’un plongeur respire de l’air en profondeur, le gaz inerte (l’azote) se répand par dissolution dans divers tissus de l’organisme. L’azote continue de se répandre à différents rythmes selon les tissus, et ce, tant et aussi longtemps que la pression partielle de l’azote inspiré est supérieure à la pression partielle du gaz absorbé par les tissus. La quantité d’azote absorbée augmente avec la pression partielle de l’azote inspiré (en profondeur) et la durée de l’exposition (temps de plongée). Autrement dit, lorsqu’on expose pour la première fois à un gaz sous pression le sang et les tissus de l’organisme qui ne contiennent pas de gaz, des quantités de molécules de ce gaz entrent immédiatement en solution, poussées par sa pression partielle plus élevée. Les tissus qui agissent comme une éponge absorbent ainsi l’azote.  Un autre facteur qui affecte la dissolution de l’azote dans l’organisme est la température. En effet, plus la température est basse, plus la solubilité de l’azote est élevée. Inversement, si on élève la température d’une solution saturée en azote, une certaine quantité des gaz dissouts s’évapore.
  
Peu importe la quantité de gaz dissous dans le corps du plongeur, d’où il origine et sa pression, il demeure en solution aussi longtemps que la pression est maintenue. Par contre, si le plongeur commence à remonter vers la surface, le gaz dissous s’évapore de plus en plus. On peut observer le même principe avec une bouteille de soda.  Lorsqu’on ouvre la bouteille, les bulles de dioxyde de carbone s’évaporent de l’eau et sortent de la bouteille, le même principe s’applique à notre organisme. Si le taux de remontée est contrôlé, en accord avec les paliers de décompression, le gaz dissous va aux poumons et est expiré avant qu’il puisse s’accumuler suffisamment dans l’organisme pour former des bulles.  Par contre, si la remontée est subite et que la pression est réduite à un taux plus élevé que celui auquel le corps peut s’ajuster, des bulles peuvent se former dans les vaisseaux sanguins et dans des endroits tels que le cartilage et les articulations.  
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Peu importe la quantité de gaz dissout dans le corps du plongeur, d’où il origine et sa pression, il demeure en solution aussi longtemps que la pression est maintenue. Par contre, si un plongeur commence à remonter vers la surface, le gaz dissout s’évapore de plus en plus. On peut observer le même principe avec une bouteille de soda.  Lorsqu’on ouvre la bouteille, des bulles de dioxyde de carbone s’évaporent et s'échappent de la solution. Le même principe s’applique à notre organisme. Si la vitesse de la remontée est contrôlée, en respect des paliers de décompression, le gaz dissout va aux poumons et est expiré avant qu’il puisse s’accumuler suffisamment dans l’organisme pour former des bulles.  Par contre, si la remontée est rapide et que la pression est réduite à un taux plus élevé que celui auquel le corps peut s’ajuster, des bulles peuvent se former dans les vaisseaux sanguins et dans des endroits tels que les cartilages et les articulations.  
  
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[[Image:patient en caisson hyperbare.jpg|left|200px|Patient traité en caisson hyperbare ]]
La maladie de décompression survient lors de dérangements des tissus, lesquels sont causés par la formation de bulles de gaz inerte dans ces tissus. Ces bulles peuvent être petites et stables, elles peuvent encore disparaître rapidement après s'être formées ou elles peuvent rapidement augmenter en grosseur.  Dépendamment de leur grosseur, les bulles causent des dommages aux tissus à différents Patient traité en caisson hyperbare degrés. Elles peuvent directement déformer et briser les tissus; boucher des vaisseaux sanguins et lymphatiques; causer un dommage indirect, résultant du relâchement de substances dangereuses par les tissus brisés, dû à l’hypoxie, l’hypercapnie et l’acidose. La gravité des symptômes et les signes de la maladie de décompression dépendent du degré des dommages causés par les bulles. On traite les malaises et les douleurs associés à la maladie de décompression en soumettant le plongeur à une pression élevée dans un caisson hyperbare afin de dissoudre les bulles et en lui faisant suivre un traitement hyperbare approprié sous oxygène pur à 100 %.
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La maladie de décompression survient lors de dérangements des tissus, lesquels sont causés par la formation de bulles de gaz inerte dans ces tissus. Ces bulles peuvent être petites et stables, elles peuvent encore disparaître rapidement après s'être formées ou elles peuvent rapidement augmenter en grosseur.  Dépendamment de leur grosseur, les bulles causent des dommages aux tissus à différents degrés. Elles peuvent directement déformer et briser les tissus; boucher des vaisseaux sanguins et lymphatiques; causer un dommage indirect, résultant du relâchement de substances dangereuses par les tissus brisés, dû à l’[http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypoxie hypoxie], l’[http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypercapnie hypercapnie] et l’[http://fr.wikipedia.org/wiki/Acidose acidose]. La gravité des symptômes et les signes de la maladie de décompression dépendent du degré des dommages causés par les bulles. On traite les malaises et les douleurs associés à la maladie de décompression en soumettant le plongeur à une pression élevée dans un caisson hyperbare afin de dissoudre les bulles et en lui faisant suivre un traitement hyperbare approprié sous oxygène pur à 100 %.
  
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En 1906, un écossais du nom de John Scott Haldane a été mandaté par le gouvernement anglais pour fournir un moyen de prévention de la maladie de décompression chez les travailleurs sous pression. Il a découvert, suite à plusieurs expérimentations, qu'un corps peut toujours remonter dans une zone où la pression est deux fois moindre que celle à laquelle le plongeur a accumulé son azote, c'est-à-dire, qu’un plongeur qui se trouve à 20 m (66 pieds) = 3 atmosphères absolues, peut remonter à 5 m (16,5 pieds) = 1,5 atmosphère absolue sans conséquence. Il a établi que certains tissus ont un degré d’absorption différent. Il a donc séparé le corps en 5 compartiments selon leur degré d'absorption du gaz inerte.  
 
En 1906, un écossais du nom de John Scott Haldane a été mandaté par le gouvernement anglais pour fournir un moyen de prévention de la maladie de décompression chez les travailleurs sous pression. Il a découvert, suite à plusieurs expérimentations, qu'un corps peut toujours remonter dans une zone où la pression est deux fois moindre que celle à laquelle le plongeur a accumulé son azote, c'est-à-dire, qu’un plongeur qui se trouve à 20 m (66 pieds) = 3 atmosphères absolues, peut remonter à 5 m (16,5 pieds) = 1,5 atmosphère absolue sans conséquence. Il a établi que certains tissus ont un degré d’absorption différent. Il a donc séparé le corps en 5 compartiments selon leur degré d'absorption du gaz inerte.  
  
[[Image:tables de decompression.jpg|left|150px]]Aujourd’hui, presque la totalité des modèles de décompression reposent sur le concept de Haldane. On compte plus d’une dizaine de tables de décompression dans le monde et elles sont toutes dérivées du même concept. Les plus connues sont celles de la U.S. Navy, DCIEM, PADI, NAUI, etc, et leur validité se maintient sur le nombre de plongées effectué pour chaque profil et l’évaluation de ces profils. Les tables de la DCIEM ont été les plus testées et sont probablement les plus conservatrices dans le monde.  Cependant, ces tables ne conviennent pas à tous les types de plongée. Il est important d’utiliser la table adaptée au type de plongée effectué.  
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[[Image:tables de decompression.jpg|left|150px]]Aujourd’hui, presque la totalité des modèles de décompression reposent sur le concept de Haldane. On compte plus d’une dizaine de tables de décompression dans le monde et elles sont toutes dérivées du même concept. Les plus connues sont celles de la U.S. Navy, DCIEM, PADI, NAUI, etc, et leur validité se maintient sur le nombre de plongées effectué pour chaque profil et l’évaluation de ces profils. Les tables de la DCIEM ont été les plus testées et sont probablement les plus conservatrices dans le monde.  Cependant, ces tables ne conviennent pas à tous les types de plongée. Il est important d’utiliser la table adaptée au type de plongée effectué.
  
 
Il faut préciser que même si les tables sont considérées comme sécuritaires, le risque de maladie de décompression est toujours présent. Nul ne peut assurer qu’il n’y aura pas de complication durant la décompression. Chaque jour est différent pour chacun et les bulles d’azote vont réagir différemment à la condition physique du moment. Les tables sont un guide et non la limite à laquelle il faut se soumettre.  
 
Il faut préciser que même si les tables sont considérées comme sécuritaires, le risque de maladie de décompression est toujours présent. Nul ne peut assurer qu’il n’y aura pas de complication durant la décompression. Chaque jour est différent pour chacun et les bulles d’azote vont réagir différemment à la condition physique du moment. Les tables sont un guide et non la limite à laquelle il faut se soumettre.  
  
 
Il est primordial de planifier une plongée et de respecter le plan de plongée!
 
Il est primordial de planifier une plongée et de respecter le plan de plongée!
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== Liens externes ==
 
== Liens externes ==

Version du 6 avril 2008 à 07:24

Plongeurs faisant leurs paliers de décompression

L’air que nous respirons est normalement constitué de 78,09% d’azote, 20,95% d’oxygène et d’approximativement 0,96% de gaz rare et de dioxyde de carbone. L’azote est un gaz inerte, il n’a donc aucune fonction sur le corps humain. Lorsqu’un plongeur respire de l’air en profondeur, le gaz inerte (l’azote) se répand par dissolution dans divers tissus de l’organisme. L’azote continue de se répandre à différents rythmes selon les tissus, et ce, tant et aussi longtemps que la pression partielle de l’azote inspiré est supérieure à la pression partielle du gaz absorbé par les tissus. La quantité d’azote absorbée augmente avec la pression partielle de l’azote inspiré (en profondeur) et la durée de l’exposition (temps de plongée). Autrement dit, lorsqu’on expose pour la première fois à un gaz sous pression le sang et les tissus de l’organisme qui ne contiennent pas de gaz, des quantités de molécules de ce gaz entrent immédiatement en solution, poussées par sa pression partielle plus élevée. Les tissus qui agissent comme une éponge absorbent ainsi l’azote. Un autre facteur qui affecte la dissolution de l’azote dans l’organisme est la température. En effet, plus la température est basse, plus la solubilité de l’azote est élevée. Inversement, si on élève la température d’une solution saturée en azote, une certaine quantité des gaz dissouts s’évapore.

Peu importe la quantité de gaz dissout dans le corps du plongeur, d’où il origine et sa pression, il demeure en solution aussi longtemps que la pression est maintenue. Par contre, si un plongeur commence à remonter vers la surface, le gaz dissout s’évapore de plus en plus. On peut observer le même principe avec une bouteille de soda. Lorsqu’on ouvre la bouteille, des bulles de dioxyde de carbone s’évaporent et s'échappent de la solution. Le même principe s’applique à notre organisme. Si la vitesse de la remontée est contrôlée, en respect des paliers de décompression, le gaz dissout va aux poumons et est expiré avant qu’il puisse s’accumuler suffisamment dans l’organisme pour former des bulles. Par contre, si la remontée est rapide et que la pression est réduite à un taux plus élevé que celui auquel le corps peut s’ajuster, des bulles peuvent se former dans les vaisseaux sanguins et dans des endroits tels que les cartilages et les articulations.

Patient traité en caisson hyperbare

La maladie de décompression survient lors de dérangements des tissus, lesquels sont causés par la formation de bulles de gaz inerte dans ces tissus. Ces bulles peuvent être petites et stables, elles peuvent encore disparaître rapidement après s'être formées ou elles peuvent rapidement augmenter en grosseur. Dépendamment de leur grosseur, les bulles causent des dommages aux tissus à différents degrés. Elles peuvent directement déformer et briser les tissus; boucher des vaisseaux sanguins et lymphatiques; causer un dommage indirect, résultant du relâchement de substances dangereuses par les tissus brisés, dû à l’hypoxie, l’hypercapnie et l’acidose. La gravité des symptômes et les signes de la maladie de décompression dépendent du degré des dommages causés par les bulles. On traite les malaises et les douleurs associés à la maladie de décompression en soumettant le plongeur à une pression élevée dans un caisson hyperbare afin de dissoudre les bulles et en lui faisant suivre un traitement hyperbare approprié sous oxygène pur à 100 %.

John Scott Haldane

En 1906, un écossais du nom de John Scott Haldane a été mandaté par le gouvernement anglais pour fournir un moyen de prévention de la maladie de décompression chez les travailleurs sous pression. Il a découvert, suite à plusieurs expérimentations, qu'un corps peut toujours remonter dans une zone où la pression est deux fois moindre que celle à laquelle le plongeur a accumulé son azote, c'est-à-dire, qu’un plongeur qui se trouve à 20 m (66 pieds) = 3 atmosphères absolues, peut remonter à 5 m (16,5 pieds) = 1,5 atmosphère absolue sans conséquence. Il a établi que certains tissus ont un degré d’absorption différent. Il a donc séparé le corps en 5 compartiments selon leur degré d'absorption du gaz inerte.

Tables de decompression.jpg

Aujourd’hui, presque la totalité des modèles de décompression reposent sur le concept de Haldane. On compte plus d’une dizaine de tables de décompression dans le monde et elles sont toutes dérivées du même concept. Les plus connues sont celles de la U.S. Navy, DCIEM, PADI, NAUI, etc, et leur validité se maintient sur le nombre de plongées effectué pour chaque profil et l’évaluation de ces profils. Les tables de la DCIEM ont été les plus testées et sont probablement les plus conservatrices dans le monde. Cependant, ces tables ne conviennent pas à tous les types de plongée. Il est important d’utiliser la table adaptée au type de plongée effectué.

Il faut préciser que même si les tables sont considérées comme sécuritaires, le risque de maladie de décompression est toujours présent. Nul ne peut assurer qu’il n’y aura pas de complication durant la décompression. Chaque jour est différent pour chacun et les bulles d’azote vont réagir différemment à la condition physique du moment. Les tables sont un guide et non la limite à laquelle il faut se soumettre.

Il est primordial de planifier une plongée et de respecter le plan de plongée!


Liens externes

Centre de Médecine de Plongée du Québec

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